Le projet

Dans l'ère post-industrielle, les territoires urbains ont pris une dimension nouvelle. Les métropoles concentrent les hommes et les activités, mais les questions qu'elles soulèvent dépassent les étroites limites du cadre municipal : on estime en effet que 90% de la population française vit dans des aires urbaines, c'est-à-dire dans des espaces comportant une proportion relativement importante d'habitants quotidiennement concernés par les villes et leurs banlieues. Il me paraît ainsi important de reconsidérer les problèmes urbains et éducatifs à l'aune de cette nouvelle réalité.

A cet égard, la référence aux villages peut sembler curieuse, aussi mérite-t-elle une explication. C'est un modeste emprunt à Maurice Agulhon, historien du XIXe siècle dont la lecture m'a beaucoup marqué. Dans son ouvrage, La République au village (Plon, 1970), il explique comment les campagnes sont progressivement politisées sous la monarchie de Juillet et la deuxième République à travers une acculturation progressive.

Sans évidemment faire oeuvre d'historiographie (je ne suis pas universitaire), j'essaie simplement ici de tenir un blog politique qui se penche, entre autres considérations, sur les fractures territoriales et éducatives. L'allusion aux villages me paraissait ainsi intéressante à plus d'un titre : les villages font aujourd'hui souvent partie des logiques urbaines évoquées plus haut ; de nombreux espaces urbains pourtant banlieues ou même quartiers du centre ville sont encore vécus comme des villages par leurs habitants ; le village conserve une place à part, un peu idéelle, dans les représentations des Français ; Marseille, mais aussi Saint-Denis conservent une organisation à laquelle la notion de noyaux villageois n'est pas étrangère.

Les politiques publiques me semblent devoir tenir compte des nouvelles réalités villageoises de la République : le périurbain, le rural profond, les banlieues enclavés, les centre-villes paupérisés ou au contraire en proie à la muséification. J'ai ainsi choisi comme illustration la place Notre-Dame du Mont à Marseille à la fois noyau villageois et coeur de métropole. De cette foule de nouveaux villages il me semble ainsi important de faire République, et c'est ce que j'entends défendre ici.